Propos en ligne : La HAC sort la matraque contre les activistes « malveillants » et leurs relais !

Dans une déclaration solennelle publiée ce 30 avril à l’issue d’une séance plénière, la Haute autorité de la communication (HAC) a durci le ton face à ce qu’elle qualifie de « dérives numériques ». Le gendarme des médias, également régulateur des plateformes digitales, menace désormais de sanctions pénales non seulement les auteurs de contenus jugés diffamatoires ou haineux, mais aussi ceux qui les relaient.

Derrière le vernis légal, le message est limpide : l’État entend reprendre le contrôle de la parole sur Internet. Dans sa ligne de mire, les « activistes des réseaux sociaux » du Gabon et de l’étranger accusés de porter atteinte à l’image des institutions et de propager de fausses informations. La HAC dénonce pêle-mêle les discours de haine, le cyberharcèlement, la divulgation de données personnelles, et invoque une batterie de lois pour justifier son offensive.
La liberté d’expression sous condition
« La liberté d’expression […] connaît des limites imposées par la nécessité de préserver l’ordre public, les droits d’autrui et la cohésion nationale », a insisté le président de l’institution, Germain Goyo Moussavou, évoquant une « propension nuisible » qui mettrait en péril le « vivre ensemble » et la « coexistence pacifique entre les États ». Un ton grave pour un cadrage politique assumé.
La déclaration d’hier de la HAC
Mais le ton s’est voulu encore plus martial lorsqu’il s’est agi d’évoquer les sanctions : « Toute personne partageant ou contribuant au relais des contenus jugés illégaux […] s’expose aux mêmes sanctions que celles prévues pour l’auteur et le premier diffuseur », avertit le communiqué. Autrement dit, un simple partage sur Facebook ou WhatsApp pourrait suffire à vous faire tomber sous le coup de la loi.
Museler pour mieux régner
Un pas de plus dans une stratégie de musellement numérique qui inquiète défenseurs des libertés et citoyens critiques. Alors que le Gabon s’apprête à entrer dans la 5e République ce samedi, cette sortie de la HAC ressemble à une mise en garde générale. Le pouvoir semble vouloir refermer la parenthèse numérique ouverte depuis la transition, au nom d’une « cohésion sociale » dont les contours restent décidément très flous.
La « citoyenneté numérique » prônée par la HAC a tout du contrôle politique. Et ce sont les libertés fondamentales qui risquent, une fois de plus, d’en faire les frais. La menace est désormais claire : les activités de tout utilisateur de réseaux sociaux dont le seul dessein est la nuisance seront rendues inopérantes sur le cyberespace national . La HAC entend collaborer directement avec les géants du numérique — Meta, Google, TikTok, X — pour neutraliser les comptes considérés comme « malveillants ».
La rengaine du régime déchu
Pour rappel, en cas de diffamation ou de dérives commises, les personnes lésées peuvent saisir les cours et tribunaux du pays, et donc nul besoin de HAC pour que justice soit rendue. La sortie du gendarme du numérique sonne plus comme une vieille rengaine du régime déchu — déjà entendue et vue — qui n’a jamais porté ses fruits. D’ailleurs, l’actuel bureau de la HAC est composé en grande majorité d’anciens porte-flingues de l’ancien régime, dont son indéboulonnable président Germain Goyo Moussavou.
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