Déserté par ses militants, le PDG continue de crier sa tigritude malgré les démissions en cascade

Il y a quelque chose de pathétique dans le spectacle qu’offre actuellement le Parti démocratique gabonais (PDG). Loin de la machine triomphante d’antan, le vieux parti qui a dû tourner la page de la famille Bongo à marche forcée, s’accroche à ses symboles et à ses slogans. Criant à qui veut l’entendre qu’il demeure « l’aiguillon » de la vie politique gabonaise. Une tigritude incantatoire, brandie comme un totem, alors même que ses rangs se vident et que son socle s’effondre.

Depuis plusieurs semaines, les démissions se multiplient. Dans le Woleu-Ntem, fief stratégique du PDG, une vague de départs collectifs a vidé les cellules de base. Vendredi dernier, c’est une figure majeure du système, Paul Biyoghe Mba, premier vice-président du parti, qui a claqué la porte. Un coup dur que le PDG semble vouloir conjurer par une fuite en avant communicationnelle, préférant afficher un front uni et souriant plutôt que de prendre acte de l’ampleur des fissures internes.
Une autosatisfaction déconnectée
« Nous restons fidèles au PDG et au Président Brice Clotaire Oligui Nguema », a lancé Blaise Louembe à Tchibanga, avec assurance. Mais au lieu de répondre aux inquiétudes des militants de terrain, le discours s’est contenté de slogans martelés, comme si une fidélité proclamée pouvait remplacer une adhésion en déclin. Pire encore, la secrétaire générale du parti, Angélique Ngoma, est allée jusqu’à déclarer que « le PDG reste l’aiguillon de la vie politique gabonaise », se fondant sur l’intérêt que continue de susciter… sa propre déroute.
Les propos du président du PDG...
Ce renversement rhétorique — faire d’une hémorragie une démonstration de vitalité — relève d’une posture politique dangereuse. Il traduit non seulement un refus d’introspection, mais aussi une incapacité à repenser la place du PDG dans le nouveau paysage politique né de la transition engagée depuis la chute du régime Bongo le 30 août 2023.
L’ex-parti présidentiel dans le brouillard
Sans la figure tutélaire d’Omar Bongo, ni le contrôle de l’appareil d’État, le PDG peine à définir sa raison d’être. Sa tentative de relecture idéologique de la crise actuelle ne convainc guère, tant le contraste est fort entre les discours de terrain et les réalités militantes. Sur le terrain, c’est la débâcle ; dans les discours, c’est la victoire morale.
... Ceux de sa secrétaire générale
Cette dissonance interroge : comment un parti aussi structuré a-t-il pu basculer dans un tel aveuglement stratégique ? À trop vouloir sauver la façade, le PDG court le risque de ne rien reconstruire en profondeur. La tournée provinciale, censée être un moment d’écoute et de réajustement, s’est transformée en exercice de déni collectif.
Un parti qui magnifie sa propre érosion
Refusant d’assumer ses failles, le PDG maquille son recul en choix stratégique. Chaque départ est interprété comme une purification naturelle, chaque critique comme une preuve de sa centralité. En réalité, l’ancienne machine électorale vit un lent désengagement de sa base, sans boussole, sans cap, sans leadership de rechange.
Les propos d’un militant, visiblement heureux de cette crise de démissions en cascade
À force de nier la gravité de sa crise interne, le PDG s’installe dans une illusion d’optique : croire que son passé glorieux suffira à légitimer son avenir. Mais les faits sont têtus. Et le silence prolongé sur les vraies causes de la rupture en cours pourrait coûter cher à un parti qui fut, jadis, le cœur du pouvoir gabonais.
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